L’HTA constitue le facteur de risque cardiovasculaire et la maladie chronique la plus fréquente en France, avec plus de 12 millions de sujets traités par des médicaments antihypertenseurs. .
Entre 5 % à 10 % de ces patients conservent une pression artérielle trop élevée malgré des traitements combinant plusieurs médicaments antihypertenseurs. Pour ces patients à haut risque cardiovasculaire et cérébral, une procédure de radiologie interventionnelle peu invasive est testée depuis quelques années. Il s’agit de la dénervation des artères rénales.
Le principe de la dénervation des artères rénales est de réduire l’hyperactivité sympathique qui est connue chez les patients hypertendus.
La technique remonte aux années 1950 mais elle était pratiquée par voie chirurgicale. Si la sympathectomie chirurgicale était très efficace sur la baisse de la pression artérielle, elle exposait, par contre, à des complications, en particulier une hypotension orthostatistique et une incontinence urinaire.
Dans les années 1960, l’arrivée d’alternatives médicamenteuses, de plus en plus efficaces et bien tolérées par les patients, a relégué les approches chirurgicales aux seuls cas intolérants ou non répondeurs aux médicaments.
L’arrivée de la radiologie interventionnelle a permis de relancer la technique. La dénervation rénale par voie endovasculaire est beaucoup moins invasive.
Elle consiste à interrompre par radiofréquence l’innervation sympathique afférente et efférente dans l’adventice des artères rénales. La procédure est réalisée sous anesthésie générale ou sous administration d’un sédatif et d’un antalgique, dans une salle d’angiographie. Après anesthésie locale, un cathéter de faible diamètre est introduit au niveau du pli inguinal dans l’artère fémorale, comme lors d’une artériographie. Une sonde de radiofréquence est ensuite mise en place dans l’une, puis l’autre des artères rénales. Le traitement par radiofréquence (courant de très faible intensité) est alors appliqué dans chaque artère. L’intervention dure entre 30 et 40 minutes. Le patient doit rester allongé pendant 24 heures et peut généralement sortir le lendemain de son intervention.
Cette technique est réservée, à l’heure actuelle, aux patients souffrant d’une HTA résistante documentée, caractérisée par une PA clinique supérieure à 140 et/ou 90 mmHg malgré une trithérapie à doses optimales comprenant un diurétique. Les indications doivent être posées après concertation multidisciplinaire dans un centre d’expertise en HTA, conformément au consensus français sur la dénervation rénale (1).
Devant la progression tout azimut de la technique de dénervation rénale, l’European Society of Cardiology (ESC) et l’European Association of Percutaneous Cardiovascular Interventions (EAPCI) ont à leur tour, décidé d’éditer leurs propres recommandations. Celles-ci sont basées sur un consensus d’experts, et publiées en ligne sur le site de l’European Heart Journal
Plusieurs études ont validé l’efficacité de cette technique. La plus importante, une étude prospective ouverte, Symplicity HTN-1 a inclus 153 patients suivis pendant deux ans. Elle a mis en évidence une baisse significative de la pression artérielle systolique et diastolique.
Cette nouvelle technique est une véritable révolution, rappelle le Pr. Sapoval (HEGP). En traitant efficacement les patients hypertendus, on espère, à moyen terme, réduire l’incidence des AVC, des accidents coronariens et de l’insuffisance rénale.
La Pr. Marc Sapoval est le coordonnateur d’un essai français (DENERHTN), une étude randomisée multicentrique dont les résultats prévus au printemps 2014 sont très attendus.