Refonder la régulation des dépenses de santé : c’est la nouvelle ambition de Patrick Errard le nouveau président des entreprises du médicament (LEEM).
Trop c’est trop, les entreprises du médicament veulent que le médicament cesse d’être la principale variable d’ajustement du système. Le médicament à l’origine de 15% des dépenses du régime obligatoire - contribue à plus de 50% des économies
Elles ont beau jeu de rappeler que les économies nouvelles réalisées par l’Assurance Maladie sur le médicament ont représenté 10,2Mds€ en 9 ans, soit plus de 1,1Mdes€ par an avec des pointes à plus de 1,5Mds€ en 2012 et 2013.
La pilule a d’autant plus de mal à passer que les dernières mesures d’économies décidées dans le cadre du PLFSS 2014 sont en contradiction avec le discours tenu par les pouvoirs publics dans le cadre du Conseil Stratégique des Industries de Santé (CSIS) et du Comité stratégique de filière (CSF). Pire, la dernière LFSS a adopté deux mesures en contradiction avec celles approuvées en CSIS : le pouvoir de substitution accordé aux pharmaciens d’officine sur les biosimilaires et la taxation des ventes en gros.
Pour refonder la régulation, les entreprises du médicament veulent une réflexion globale sur la contribution des différents acteurs de santé. Elles suggèrent plusieurs pistes d’économies : automédication, rationalisation du parcours de soin, l’évitement des hospitalisations (chirurgie ambulatoire, HAD…)
Le LEEM appelle l’attention des pouvoirs publics sur les signes de décrochage : recul de -2,5% du marché du médicament en 2013, - 2,1% sur l’emploi, effondrement des essais cliniques sur certaines aires thérapeutiques. Les entreprises du médicament veulent une nouvelle politique fondée sur des choix clairs et de la cohérence.
Cette nouvelle régulation n’est concevable que si on s’affranchit des perspectives cout-termistes des PLFSS qui improvisent souvent des mesures d’ajustement au fil de l’eau au détriment d’une véritable politique structurelle de réorganisation de l’offre de soins - seule à même de restaurer un équilibre juste et durable des comptes sociaux victimes avant tout d’un déficit de recettes dans la conjoncture actuelle.
Il faut sortir du cadre annuel du PLFFS. A peine a-t-on fini l’exercice qu’il faut déjà penser au prochain. Il faut arrêter cette fuite en avant.
Pourquoi ne peut-on pas s’engager dans une loi-cadre pluriannuelle qui donnerait plus de visibilité à tous - y compris à l’Etat ? Le LEEM n’est pas le seul acteur de santé à le souhaiter. Plus de 15 ans après leur instauration, le moment est sans doute venu de revoir la mécanique annuelle infernale des LFSS.