« Le monde connait aujourd’hui sa troisième révolution de la santé, celle de la médecine digitale. Elle bouleverse comme jamais notre rapport à la santé ». C’est par ces mots que Marisol Touraine a inauguré la première journée nationale de l’innovation en santé.
Par- delà les techniques, ce sont les pratiques médicales, l’organisation de la politique de santé, la place et le rôle de chacun des acteurs, qui vont se trouver transformés dans les années qui viennent.
Le numérique, c’est la santé connectée avec tous ces objets connectés qui vont transformer la vie des patients. Parmi les innovations présentées au salon, un verre connecté qui permet aux personnes âgées de vérifier leur hydratation. Demain, un textile connecté offrira la possibilité de visualiser et de surveiller son coeur. La douleur dans la poitrine ne sera plus le premier signe de l’infarctus : C’est le smartphone, qui le détectera en premier. Un premier test permettant de détecter la présence de cellules cancéreuses, avant même que le cancer ne soit visible, a été développé en France. Demain, il sera possible de détecter la maladie avant même que celle-ci ne se déclare.
Mais le numérique ne transforme pas la vie des seuls patients. Toute l’organisation du système de santé est amenée à évoluer. Avec la construction d’un lien direct entre les objets connectés et les professionnels de santé, c’est le suivi du patient qui va changer. Des innovations permettront au patient de rentrer chez lui plus rapidement encore après une intervention chirurgicale. Des capsules connectées, une fois avalées, permettront de surveiller à distance la température du patient.
Les examens pratiqués à distance permettront d’apporter une réponse à la désertification médicale. Les professionnels qui prennent en charge un même patient pourront mieux communiquer entre eux à travers des échanges dématérialisés
Différentes mesures ont été annoncées par la ministre en vue d’encourager l’innovation en santé : un plan Médecine du futur et la nomination d’un délégué ministériel à l’innovation en santé.
Pour la Ministre de la santé, ces évolutions posent 2 questions : Comment garantir l’égalité d’accès à l’innovation en santé ? Comment traiter les questions éthiques posées par ces bouleversements ?
Comment imaginer qu’un traitement nouveau ne puisse être réservé qu’à quelques-uns ? La force du modèle français, c’est de solvabiliser l’innovation, en lui garantissant une diffusion rapide et massive.
La question du prix de l’innovation est donc aujourd’hui centrale. Une grande conférence se tiendra au début du mois d’avril à Lyon, à l’initiative du Président de la République, afin de réfléchir au meilleur moyen de garantir un retour d’investissement aux industriels qui développent des traitements innovants, tout en permettant à tous les patients d’y accéder et à la collectivité de les assumer.
Le second défi à relever, c’est l’éthique. Jusqu’où devons-nous aller dans l’anticipation de la maladie ? Au-delà de la question du consentement et de l’utilisation des données, il faut se poser la question du droit au savoir et du besoin de savoir : veut-on réellement savoir dans le détail quel sera notre devenir médical ?
Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) a été chargé de mener une réflexion sur le sujet.