La grande ambition est en train de tourner au cauchemar pour Marisol Touraine. Qu’il s’agisse des médecins libéraux, de SOS médecins ou des internes en médecine, l’opposition au projet de loi de santé ne désarme pas. Si le Tiers payant cristallise toujours le conflit, de nombreux autres points d’achoppement demeurent : revalorisation de la consultation, risques de suppression de la garde de nuit de minuit à 8 heures, statut de « praticien hospitalier remplaçant », renforcement des pouvoirs des ARS… L’entrée fracassante dans la mêlée de l’Intersyndicat national des internes (ISNI) qui a débarqué pour l’occasion son ancien président n’est pas un bon signe pour le gouvernement.
Ce patchwork de revendications rend difficile une sortie de crise alors que l’échéance parlementaire se rapproche, d’autant que par-delà telle ou telle disposition, elles traduisent surtout un malaise assez ancien.
L’Elysée est-il en train de reprendre en main le dossier ? La mise en place de 4 groupes de travail peut être interprétée dans ce sens.
En tout cas, la Ministre est en train d’abattre ses dernières cartes. Des propositions seront probablement faites sur le tiers payant, mesure emblématique à laquelle la ministre semble particulièrement attachée. « Je n’imagine pas que l’on arrive à envoyer Philæ à 500 millions de kilomètres de la Terre et que l’on ne parvienne pas à trouver un moyen d’assurer un tiers payant opérationnel », s’est étonnée Marisol Touraine lors de ses vœux à la presse. Un accord semble aussi possible avec SOS médecins qui redoute une suppression de la permanence des soins ambulatoires entre minuit et 8 heures, après que l’agence régionale de santé du Nord-Pas-de-Calais ait décidé de supprimer les astreintes de médecins la nuit.
Par contre, la revalorisation de la consultation que réclame certains syndicats de médecins libéraux a peu de chance d’aboutir, le gouvernement préférant consacrer ses faibles marges de manœuvre à la mise en place nouveaux modes de rémunération.
Les internes en médecine qui dénoncent le « mépris » envers les jeunes médecins et réclament une « réécriture » de la loi en appelant à des manifestations à partir du 29 janvier seront les plus difficiles à contenter.
Le gong va bientôt sonner. Si la concertation actuelle ne débouche pas sur des pistes consensuelles, aucun autre scenario comme le retrait de la loi et l’ouverture d’un Grenelle de la santé que réclame l’Ordre National des Médecins n’est à exclure. A suivre…