Venue de Chine en 2004, la cigarette électronique avance à pleine vapeur un peu partout dans le monde. On compte actuellement 1,5 million de « vapoteurs » en France et 7 millions en Europe. La progression est telle, que selon certaines prévisions leurs ventes devraient dépasser celles des cigarettes traditionnelles dans moins d’une décennie.
L’e-cigarette se développe sans aucune contrainte. Considérées comme des produits de consommation courante, leur publicité n’est pas encadrée contrairement à la cigarette traditionnelle. Aux Etats-Unis, la marque Blue Cigs sponsorise ainsi une équipe automobile d’ IndyCar, alors qu’au Royaume-Uni, l’équipe de football de Merthyr vient de baptiser son stade : « Cigg-e Stadium » dans le cadre d’un sponsoring. Un autre fabricant E-lites vient de passer un accord de partenariat avec l’équipe de football écossaise du Celtic de Glascow.
Les campagnes de marketing ciblent principalement les jeunes consommateurs avec des arômes comparables à ceux des friandises : chocolat, bubblegum, popcorn etc. et les fabricants sont également très actifs sur les réseaux sociaux.
Les e-cigarettes sont-elles dangereuses ? Faut-il les règlementer ? Partisans et adversaires s’affrontent y compris dans de prestigieuses publications, comme le Lancet.
Les adversaires de l’e-cigarette soulignent que la nicotine contenue dans certaines cigarettes électroniques peut provoquer une addiction à long terme et conduire les « vapoteurs » à devenir fumeurs. N’est-ce pas la raison pour laquelle, selon eux, les majors de l’industrie du tabac vont sur le marché de l’e-cigarette et rachètent de petits fabricants ? Ainsi le britannique American Tobacco vient d’acquérir récemment Vype, un fabricant d’e-cigarettes. N’y a-t-il pas, quelque part, un paradoxe de voir des fabricants de tabac investir dans un produit de sevrage tabagique ?
Certains réclament que les e-cigarettes soient considérées comme des dispositifs médicaux et que leur promotion soit encadré par la convention sur le contrôle du tabac de l’OMS.
Selon un rapport du très sérieux Centers for Disease Control and Prevention (CDC) du 6 Septembre 2013, l’utilisation de la cigarette électronique a plus que doublée chez les enfants et adolescents américains, ces 2 dernières années (1.1% en 2011 à 2.1% en 2012). L’e-Cigarette serait ainsi une porte d’entrée dans le tabagisme alors que de nombreuses campagnes ne cessent d’alerter le public sur les méfaits du tabac.
Ce point de vue est contesté par d’autres qui mettent en avant le fait que l’étude de la CDC ne montre pas que l’utilisation quotidienne de l’e-cigarette ait augmentée chez les jeunes. Par ailleurs, 90,6% de ceux qui ont expérimentés l’e-cigarette étaient déjà fumeurs. Seul 0,5% ne l’étaient pas et rien ne prouverait une future transition vers la cigarette. Considérer l’e-cigarette comme un produit de santé la rendrait moins attractive et son prix moins compétitif au regard de celui des cigarettes. Les défenseurs de l’e-cigarette préconisent, par contre, un encadrement des pratiques de fabrications afin de s’assurer que le liquide contenu dans la cigarette électronique ne contienne pas d’impuretés et ne soit pas nocif pour la santé.
En France, 100 médecins tabacologues, pneumologues, addictologues, cardiologues viennent de lancer un appel en faveur de la cigarette électronique. « Ce dont on est certain c’est que dans l’échelle des risques, la cigarette électronique est moins dangereuse que le tabac, l’alcool, les produits gras, les aliments sucrés. Un fumeur sur deux meurt des causes du tabac », rappelle Philippe Presles, auteur de « la Cigarette électronique ».
Le docteur Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français du tabac, estime pour sa part que « pour les fumeurs, la réduction des risques est considérable ».
Le remplacement de la cigarette par la cigarette électronique pourrait sauver des millions de vies, ont estimé mardi 12 novembre à Londres plusieurs intervenants à une conférence internationale sur le sujet, tout en soulignant la nécessité de recherches plus approfondies en rappelant que "Les cigarettes tuent 5,4 millions de personnes chaque année dans le monde" (Robert West, directeur des études sur le tabac au centre britannique de recherches sur le cancer, Cancer Research UK).
Le Parlement européen à refuser de donner le statut de médicament à la cigarette électronique, ce qui aurait considérablement alourdi l’accès au marché de la cigarette électronique en les soumettant à une Autorisation de Mise sur le Marché.
Le débat est loin d’être clos. Il faudra probablement de nouvelles études sur la sécurité de l’e-cigarette, tout en n’oubliant pas que souvent, ici comme ailleurs, le mieux est l’ennemi du bien.