Ce 18 Novembre a eu lieu la journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques. Une conférence de presse a été organisée à cette occasion à l’Institut Pasteur (Paris) avec Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé et Stéphane le Foll, Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.
25000 décès seraient dus en Europe à la résistance aux antibiotiques. « C’est un enjeu important et préoccupant » pour Marisol Touraine. Si les antibiotiques ont permis de combattre des maladies d’origine bactériennes autrefois mortelles, on constate qu’un certain nombre d’entre eux ont perdu leur efficacité en raison de l’adaptation des bactéries à ces nouveaux traitements. Nous sommes aujourd’hui confrontés à un phénomène de multi- résistances. Parallèlement, on constate que le nombre d’innovations thérapeutiques baisse.

Il faut aujourd’hui, selon la Ministre, une approche globale qui prenne en compte à la fois les hommes, les animaux et l’environnement. C’est le concept de santé globale développé par l’OMS.

La France était le premier pays consommateur d’antibiotiques en 2001. Elle a réagi et se trouve aujourd’hui au 3éme rang européen. La consommation d’antibiotiques demeure néanmoins supérieure de 30% à la moyenne des pays de l’Union européenne. « Les antibiotiques restent trop souvent prescrits et trop souvent de manière inappropriée », selon la Ministre.

Différentes mesures sont intervenues ces dernières années. Le plan national d’alerte sur les antibiotiques de 2010/2011 qui comporte un objectif volontariste de réduction de la consommation des antibiotiques de 25% sur 5 ans. On a aussi constaté, par ailleurs, que la campagne de l’Assurance Maladie « les antibiotiques, ce n’est pas automatique » a eu un impact réel sur l’opinion française.
L’ANSM constate cependant, depuis quelques années, une tendance à la reprise de la consommation.

Face à cette situation, la Ministre de la santé met en avant 3 orientations :

1. Favoriser le bon usage des antibiotiques :

Le réfèrent hospitalier antibiotique qui n’existe aujourd’hui que dans les gros établissements, sera généralisé à tous les établissements y compris les EHPAD. Le réseau de conseil sur les antibiotiques sera étendu sur tout le territoire pour sensibiliser tous les professionnels de santé de ville à leur prescription. Les tests diagnostiques rapides (TROD) seront développés. Ils sont utiles pour déterminer si les maladies ont une origine bactérienne et s’il faut ou non prescrire des antibiotiques. Des référentiels permettant de limiter la durée de délivrance de certains antibiotiques seront également mis en place.

2. Préserver certains antibiotiques dits « critiques » dans un objectif de santé publique :

C’est dans le cadre de cet objectif que le gouvernement a décidé d’expérimenter la délivrance à l’unité de certains antibiotiques. Il s’agit de réguler à la fois la prescription et la consommation. La réserve hospitalière sera aussi renforcée afin de limiter la prescription des antibiotiques en médecine ambulatoire. Selon Marisol Touraine, La France initiera au niveau européen une politique visant à doter les antibiotiques d’un statut particulier comme cela existe pour les médicaments orphelins. Il s’agira, par exemple, de faire en sorte que certains vieux antibiotiques puissent rester sur le marché, dans des conditions attractives pour les laboratoires. Il s’agira aussi d’encourager le développement de nouvelles molécules car l’antibiorésistance est un frein à la recherche. En effet, les laboratoires sont peu enclins à mettre sur le marché une molécule qui sera inefficace au bout de quelques années du fait de l’apparition d’une antibio-résistance.

3. Informer les citoyens et mobiliser les professionnels :

Un nouvel indicateur hospitalier (ICATB2) sera mis en place. Il permettra d’apprécier l’exposition des établissements aux antibiotiques et sera affiché sur un site du Ministère. Une campagne d’information grand public sera lancée par la CNAM.

Audio - Discours de Marisol Touraine et Stéphane Le Foll.