Un million de personnes se suicident chaque année à travers le monde. « C’est une tragédie qu’on peut prévenir » affirme Alexander Niculescu, psychiatre à l’Université d’Indiana (Etats-Unis) qui a coordonné une étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Molecular Psychiatry
Alexander Niculescu et ses collègues ont identifiés 6 biomarqueurs dans le sang dont la présence peut permettre d’identifier les personnes à risque suicidaire.
L’étude américaine s’est déroulée en quatre phases. Les médecins ont identifié, dans un premier temps, 9 hommes avec des troubles bipolaires, qui entre des visites au laboratoire étaient passés d’une absence de pensée suicidaire à un niveau élevé dans une échelle de risques. Ils ont vérifié les changements intervenus dans l’expression des gênes et identifié des biomarqueurs candidats. Ces candidats biomarqeurs ont été confrontés à des travaux effectués sur les gènes liés aux maladies mentales et au suicide. Cela a permit d’identifier 41 marqueurs communément impliqués.
Ces résultats ont par la suite été confrontés à des échantillons de sang prélevés par la justice sur 9 hommes ayant commis un suicide, ce qui a permit de réduire la liste des marqueurs candidats de 41 à 13. Au terme d’une sélection statistique, l’équipe de Niculescu a ensuite sélectionné 6 biomarqueurs dont elle estime qu’ils peuvent raisonnablement prédire un risque de suicide.
L’analyse de l’expression génétique chez 42 hommes souffrant de troubles bipolaires et 46 hommes atteints de schizophrénie, a révèle une corrélation pour au moins quatre de ces marqueurs en particulier dans le groupe des troubles bipolaires. Pour les chercheurs, cela démontre que ces marqueurs permettent d’identifier un risque à long terme. Si ces marqueurs sont combinés avec des observations cliniques, le taux de prédiction passe même de 65% à plus de 80%.
Le marqeur le plus robuste qui domine de loin les autres est le gène SAT1.
C’est probablement une étape importante dans la recherche de marqueurs biomoléculaires psychiatriques. Pour Alexander Niculescu et ses collègues, la prochaine étape consistera a analyser la prévalence de ces biomarqueurs dans la population générale ou dans d’autres catégories à risque comme les personnes dépressives, d’autres souffrant de stress ou marquées par un deuil, car « le suicide n’est pas liée uniquement à la maladie mentale, c’est une attitude complexe » tient à rappeler le psychiatre americain.
En savoir plus : Niculesu et al.Mol.Psychitr : http://dx.doi.org/10.1038/mp.2013.95(2013)