Ce mercredi 15 octobre 2014, Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, a présenté en Conseil des ministres le projet de loi de santé. Ce texte, qui s’inscrit dans le prolongement de la stratégie nationale de santé, lancée par le Gouvernement en 2013, viendra en discussion au parlement début 2015.
Le projet de loi qui s’est fixé pour ambition de « changer le quotidien des patients et des professionnels de santé » s’articule autour de 3 axes prioritaires : « prévenir avant d’avoir à guérir », « faciliter la santé au quotidien » et « innover pour consolider l’excellence de notre système de santé »
L’ambition est grande et louable mais à l’analyse, le texte gouvernemental se résume en un patchwork de mesures techniques sans vraie ligne directrice et souvent loin des vrais enjeux.
Les points positifs se situent du côté de la prévention, car, outre la création d’un Institut national, la lutte contre l’ivresse chez les jeunes et le tabagisme répondent à n’en pas douter à des problèmes réels.
Parmi les mesures devant faciliter la santé au quotidien figurent la déjà controversée suppression de l’avance de frais chez le médecin, la mise en place d’un numéro national unique pour joindre le médecin de garde ou la mise en place d’un service public d’information en santé. Il n’est pas sûr que cela améliore réellement le quotidien des français qui attendent plus de 6 mois un rendez-vous avec un ophtalmologue ou doivent faire quelquefois plusieurs dizaines de kilomètres pour voir leur médecin traitant. La situation est dramatique dans certaines zones géographiques. C’est aujourd’hui notre problème numéro un.
C’est sans doute sur ce troisième volet « innover pour consolider l’excellence.. » qu’on pouvait espérer que la loi élève le débat. Or on ne trouve rien qui permette de donner de la cohérence au pilotage du système de santé que se disputent l’Etat et l’Assurance Maladie. Rien non plus qui permette de passer à une deuxième phase dans le pilotage régional par les ARS qui risquent de surcroit de subir de plein fouet le contrecoup de la prochaine réforme territoriale.
Il n’est pas sûr, dans ces conditions, que la balkanisation actuelle du système de santé permette la mise en place de parcours de soins que tout le monde appelle pourtant de ses vœux et le sujet continuera à faire le bonheur des colloques et autres symposiums.
Reformer n’est pas facile ! Emmanuel Macron disait très justement que la défiance, la complexité et le corporatisme étaient les trois maladies françaises. La Santé plus que d’autres domaines en porte témoignage.