Le Breast cancer Congress 2013 de San Antonio (10/14 décembre) confirme la percée de la biologie dans la prise en charge des cancers.
Ainsi il a été montré qu’une réaction inflammatoire de type lymphocytaire dans les tumeurs du sein a une valeur pronostique favorable chez les patientes ayant des tumeurs triple-négative (n’exprimant ni les récepteurs hormonaux, ni HER2) recevant une chimiothérapie adjuvante et une valeur prédictive de réponse à la chimiothérapie chez des patientes recevant une chimiothérapie préopératoire pour des tumeurs de grande taille triple-négative ou HER2 positive. Il reste à standardiser l’évaluation de cet infiltrat pour que celui-ci puisse être utilisé en clinique.
Deux études françaises ont porté sur l’analyse génomique des métastases. L’une met en évidence des mutations différentes dans la tumeur mammaire et dans les métastases non traitées découvertes au moment du diagnostic témoignant de l’hétérogéneité tumorale. L’autre montre, dans les rechutes métastatiques, des mutations du gène ERS codant pour le récepteur aux oestrogènes qui pourraient être induites par les traitements reçus, en particulier l’hormonothérapie. La biopsie des métastases est donc recommandée lorsqu’elle s’avère possible.
Parmi les études cliniques présentées, on retiendra :
- L’étude IBIS2 qui évalue l’apport de l’anastrozole, une hormonothérapie anti-aromatase, chez des femmes à haut risque de développer un cancer du sein. Il y une réduction de 58% du risque chez les patientes traitées comparées à celles ayant reçu un placebo. On note toutefois des toxicités de l’anastrozole qui nécessitent d’être mieux évaluées pour que traitement soit proposé en préventif.
- L’étude NEOALTTO chez des patientes ayant des tumeurs HER2 positives recevant une chimiothérapie pré-opératoire montre un plus grand bénéfice d’un double blocage de HER2 par trastuzumab (anticorps anti-HER2) et lapatinib (anti-tyrosine kinase) avec 51,3% de réponse complète, ce taux n’étant que de 29,5% pour trastuzumab seul et 24,7% pour lapatinib seul. La survie à 4 ans est aussi meilleure pour le traitement combiné.
- Deux études, une indienne et une turque remettent en question le traitement local du cancer du sein d’emblée métastatique, ne montrant pas d’apport en terme de survie.
- L’étude PRIME montre que la radiothérapie ne peut être évitée chez les femmes de plus de 65 ans car cela augmente leur taux de récidives locales et diminue leur survie.
- Les biphosphonates, molécules utilisées dans le traitement de l’ostéoporose, dans le traitement adjuvant du cancer du sein ont fait l’objet de nombreuses études. Une méta-analyse regroupant 15 études portant sur 18000 patientes permet de mieux définir l’apport de ce traitement. Il diminue de 34% le risque de récidive osseuse et de 17% le risque de mortalité par cancer du sein chez les femmes post-ménopausées. Il n’existe pas d’effet sur les récidives non osseuses, ni sur le risque de cancer du sein controlatéral. Il reste à définir les modalités de durée et de surveillance pour proposer ce traitement aux patientes.