D. Ross Camidge MD au Cancer Compréhensive Center d’Aurora (Colorado) consacre un éditorial à l’étude ICOGEN publiée dans le même numéro du Lancet Oncology (publication du 13 Août 2013).
ICOGEN est une étude randomisée de non infériorité, en double aveugle comparant l’Icotinib, un inhibiteur de Tyrosine Kinase de l’EGFR administré par voie orale dans le cancer du poumon non a petites cellules fabriqué par le chinois Zhejiang Beta Pharma au Gentinib (Iressa, Astra Zeneca).
Cette étude qui a inclus 395 patients de 18 à 20 ans recrutés sur 27 sites en Chine a montré la non infériorité de l’Icotinib par rapport au Gentinib avec cependant des effets indésirables moins fréquents. La molécule chinoise exige cependant d’être administrée 3 fois par jour en raison d’une durée de vie plus courte.
Pourquoi dès lors prescrire l’Icotinib qui se présente davantage comme un me-too de produits existants, dans la mesure ou les effets secondaires des autres inhibiteurs peuvent être gérés par des réductions de dose, s’interroge l’universitaire américain. La question est à la fois médicale et politique.
L’Icotinib a été la première thérapie ciblée développée en Chine grâce au Chinese National Key Special Programme for Innovative Drugs. Dans un pays où ce sont les patients qui payent leurs médicaments, l’arrivée de ce nouveau traitement dont le prix représente les deux tiers de l’Erlotinib ou du Gentinib a été bien accueillie. Le produit qui a été approuvé par la China State Food and Drug Administration représente d’ores et déjà 100 millions $ de ventes annuelles. Même si le produit n’est pas trop prescrit ailleurs, il sera principalement utilisé sur le marché domestique. La Chine n’est pas n’importe quel pays. Troisième marché pharmaceutique dès 2014, sa population est 4 fois plus importante que celle des États-Unis avec une incidence du cancer en nette augmentation. On sait aussi que les mutations du gêne EGFr qui constitue un déterminant majeur de la réponse au traitement par des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) anti-EGFR, dans le cancer du poumon non à petites cellules sont présents dans 60% des cancers du poumon en Asie du sud comparé aux 10 à 20 % dans les populations d’origine européenne.
L’Icotinib est une illustration d’un starter pour l’industrie pharmaceutique anti-cancer chinoise. Il a été mis sur le marché 8 ans après sa phase de développement précoce, alors que cela prend 2 ans de plus dans les pays développés avec des coûts nettement inférieurs.
On cite le chiffre de 20/30 millions$ pour l’Icotinib.
Icotinib pourrait inaugurer une nouvelle vague d’anticancéreux développés rapidement à des coûts moins élevés en Chine avant de pénétrer les autres marchés.