Le nombre estimé de femmes qui meurent chaque année de causes liées à la grossesse ou à l’accouchement a baissé considérablement dans le monde, passant de 543 000 décès en 1990 à environ 287 000 en 2010.

Les ratios de mortalité maternelle restent parmi les moins équitables de tous les indicateurs de la santé, allant de moins 5 décès pour 100 000 naissances dans les pays à revenu élevé à plus de 500 par 100 000 naissances dans plusieurs pays d’Afrique Sub-Saharienne. La plupart des pays n’atteindront pas l’objectif de mortalité maternelle fixé par le Millénaire pour le développement (OMD)

L’identification des populations à risques est importante pour la conception des programmes d’intervention. Par exemple, le risque de décès est souvent considéré comme deux fois plus élevé chez les adolescentes que chez les jeunes femmes âgées d’une vingtaine d’années.

Dans le Lancet Global Health, Andrea Nove et ses collègues rapportent les résultats d’une analyse des données de 144 pays, qui représentent 93 % du total des naissances dans le monde. C’est la première fois qu’une étude est menée à une si vaste échelle.

Des constats importants se dégagent de ces travaux. Tout d’abord, le risque de mortalité liée à la grossesse chez les adolescentes est seulement environ un tiers plus élevé que celui des femmes âgées de 20/24 ans et donc moins élevé qu’on le pensait.

Deuxièmement, les femmes âgées de 35 ans ont les taux de mortalité maternelle les plus élevés. Jusque-là, aucune étude n’avait confirmé cela à une aussi grande échelle.

Troisième constat : les taux de mortalités maternelles liés à l’âge varie considérablement entre les pays et les régions. On constate, par exemple, que dans certains pays les adolescentes ont le plus faible ratio de mortalité maternelle de n’importe quel groupe d’âge. C’est le cas de plusieurs pays en Afrique subsaharienne avec des ratios de mortalité maternelle très élevée (par exemple, République centrafricaine, République démocratique du Congo et Zambie).

D’autres facteurs sont à prendre en compte dans l’interprétation de ces données. Ainsi les jeunes mères, qui seront plus pauvres et moins instruites que les mères âgées auront des risques accrus.

De même les analyses des ratios de mortalité maternelle ont toujours considéré les adolescents comme un seul groupe d’âge (15-19 ans), mais cette approche pourrait masquer important différences associées à la maturité biologique et aux conditions socio-économiques. C’est pourquoi, le risque pour le groupe d’âge de 15 à 19 ans est affecté par les proportions des adolescents plus jeunes ou plus âgés au sein de ce groupe.

Des analyses plus poussées pourraient apporter de nouvelles connaissances sur le modèle de risque âge-gradient pour la mortalité maternelle.

Ces résultats doivent être également être interprétés au regard des tendances actuelles quant à l’âge de procréation. Le taux de fécondité chez les adolescentes dans le monde entier, est passé de 71 à 52 pour mille chez les femmes de 15 à 19 ans, entre les années 1970 et les années 2000. Cette réduction a été observée un peu partout dans le monde, sauf peut-être en Amérique latine. Pour les taux de natalité chez les femmes âgées de 35 ans et plus d’importantes réductions ont été observées en Afrique, en Asie, et Amérique latine alors que de légères augmentations ont été observées dans les pays à revenu élevé membres d’OCDE.

Ces tendances ajouté aux constats de Nove et de ses collègues, laissent cependant augurer une réduction dans la mortalité maternelle dans un proche avenir.