On se rappelle que dès son arrivée à Ségur, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, avait lancé un plan d’accès territorial aux soins autour d’une vingtaine de mesures. La deuxième réunion du comité de pilotage national qui s’est tenue ce 9 Juillet montre que les choses avancent sur le terrain.
Les choses avancent grâce à une synergie retrouvée entre l’Etat et l’Assurance Maladie et à l’engagement des médecins. Plusieurs mesures en témoignent :
La réforme du zonage, qui conditionne l’octroi de différentes aides financières pour soutenir l’installation de professionnels, a élargi les territoires bénéficiaires de ces aides qui couvrent désormais 18% de la population contre 7% précédemment.
Le déploiement des contrats incitatifs : 2 800 contrats d’engagement de service public (CESP) ont été signés, 400 jeunes médecins bénéficient d’un contrat d’aide à l’installation médicale (CAIM) et le contrat de solidarité territoriale médecin (CSTM) a été revalorisé pour encourager les praticiens à venir exercer de manière ponctuelle dans les zones sous-denses.
L’octroi d’une prime de 200€ par mois pour les internes en stage ambulatoire en zone sous-dense entrera en vigueur dès novembre prochain et compensera les frais de transports et/ou d’hébergement pour rendre ces stages plus attractifs.
De nouveaux modes d’exercice médical voient le jour avec, par exemple, la création d’un statut d’assistant partagé ville-hôpital sur la base duquel 100 postes seront financés pour 2 ans dès cette année.
La pratique avancée infirmière va devenir bientôt une réalité, avec l’entrée en formation en septembre des premiers étudiants dans près d’une dizaine d’universités. L’exercice par des professionnels paramédicaux de compétences habituellement dévolues aux médecins constitue une innovation majeure qui facilitera l’accès aux soins pour certains patients atteints de pathologies chroniques.
Les conditions d’un essor rapide de la télémédecine sont en place pour une prise en charge et un suivi plus rapides : la téléconsultation sera remboursée à la rentrée sur tout le territoire et pour tous les patients et la télé-expertise entrera quant à elle dans le droit commun début 2019 dans les zones sous-denses, avant une généralisation en 2020.
Les premiers versements de l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) ont permis le versement de 35,6 millions d’€ (+ 96,7% par rapport à 2017) à 538 maisons de santé (+ 24% sur la même période), à hauteur de 66 000€ par structure environ. Ces maisons seront ainsi mieux accompagnées pour suivre un nombre toujours croissant de patients (2,87 millions, en hausse de 27% depuis l’an dernier).
Pour la ministre « ces évolutions traduisent de profonds changements dans la manière d’exercer la médecine : en équipe, en coopération avec d’autres professionnels de santé, en s’appuyant sur les outils numériques et en assumant de plus en plus une responsabilité que l’on peut qualifier de populationnelle »
Pour autant, Agnés Buzyn sait que ces mesures n’apporteront pas « une réponse définitive à un problème multiforme, complexe et évolutif » et souhaite que le plan « soit suivi, évalué et qu’il puisse évoluer au fur et à mesure des remontées de terrain pour prendre en compte les difficultés d’application ou au contraire, la mise en place de solutions nouvelles ». Un pragmatisme qu’il faut saluer